Voilà, il fallait que ça arrive… après les récents Au-delà de Clint Eastwood, To Rome with love de Woody Allen, ou encore Cheval de guerre de Steven Spielberg, ratages filmiques sans équivoque, Terrence Malick rejoint ces grands noms (dont il fait partie) pour nous offrir son premier véritable naufrage cinématographique…
A La merveille, pourrait se définir comme ce que Scary movie est à Scream, une parodie. Parodie (ici involontaire) du travail de Malick, mais par le réalisateur lui-même ! Car voilà, la mécanique de l’artiste a cessée de fonctionner. Impression de déjà-vu ou de lassitude tout simplement ? Ce qui était lyrisme bouleversant dans Les moissons du ciel ou The tree of life, semble n’être ici qu’auto références et quasi « foutage de gueule »…
Comme toujours, Malick s’interroge sur le sens de la vie, de l’amour, de Dieu. Mais cette fois, son histoire et ses personnages tournent en rond, comme sa caméra flottante (qui d’ailleurs finie par ne plus être qu’un gimmick de mise en scène sans réelle utilité). On aimerait qu’il se passe quelque chose, trouver des réponses aux questions posées, mais tout comme le prêtre interprété par Javier Bardem (excellent, mais inutile) qui s’interroge sur l’amour divin, on se met très vite à douter de notre amour de cinéphile pour ce projet. Parce que A la merveille, c’est quoi ?
Un homme, Ben Affleck (qui quitte son meilleur rôle, celui de réalisateur, pour retrouver celui d’acteur au charisme d’huitre) qui rencontre une femme (Olga Kurylenko, fragile et touchante) et qui va l’entrainer dans l’ennui de son quotidien. Très vite elle s’ennuie, donc, et le quitte. Il va finir par la reprendre, parce qu’il pense que c’est son devoir, quitte à abandonner une autre femme (Rachel McAdams, dont on se demande si elle n’a pas été sacrifiée au montage comme Sean Penn dans The tree of life), qui, elle, le rendait heureux…
A la merveille, c’est ça… plus une main devant un soleil orangé, des avions qui passent dans le ciel comme le signe d’un changement qui approche, des bisons dans un champ de blé, le Mont Saint Michel rarement aussi joliment filmé (il faut le reconnaître)… Malick à toujours des visions et veut nous en faire profiter.
Tourné dans les années 60/70 par Chris Marker ou William Klein, on aurait appelé ça du cinéma expérimental. Aujourd’hui, c’est juste chiant… Et pourtant, tout comme Spielberg, Scorsese, Eastwood et d’autres vieillissant du cinéma. Terrence Malick reste un grand artiste et un faiseur d’images sans pareil, qui arrive à nous toucher même quand on est à la limite de l’endormissement. Et la spiritualité de son esthétisme donne encore quelques belles fulgurances visuelles, dans un film au bord de l’étouffement.
Même ratée, une œuvre comme celle-ci mérite d’être vécue, au moins pour avoir le privilège de s’y être emmerdé…
Olivier Fournel
(To the Wonder) Sortie le 06 mars 2013; de Terrence Malick; Avec : Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams, Javier Bardem… Long-métrage américain ; Genre : Drame Durée : 1h52 Distributeur : Metropolitan Filmexport